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 [Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona

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Fiona
Coldwave;study lawyer
Fiona


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MessageSujet: [Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona   [Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona Hehesd4Jeu 28 Fév - 22:28

Nom : La rentrée des amoureuses
Type : Nouvelle
Nombre de Chapitres : 1
Genre : psychologie humaine (?), historique
Personnages Principaux : 1; Madeleine
Lecteurs : -12ans (je ne sais pas si c'est véritablement choquant... Au cas où ^^ Mais la véritable question est: Y a-t-il des moins de 12ans ici?)
Description : Paris, été 1904, chaleur étouffante. Madeleine vit dans une chambre de bonne, louée à une famille bourgeoise. Elle est très croyante et n'a jamais connu le sentiment de tomber amoureux. Elle travaille dans un hôpital en tant que infirmière...
Autre : Bonne lecture! (Enfin... Si vous décidez de le lire... :9: )
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Fiona
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Fiona


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MessageSujet: Re: [Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona   [Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona Hehesd4Jeu 28 Fév - 22:34

La rentrée des amoureuses


« Oh mon Dieu, pardonnez moi...Comme j’aurais aimé revivre cette journée, cette rentrée des amoureuses... »

Comme tous les lundis matins depuis plus de deux ans, Madeleine se réveilla en sursaut, le front moite, allongée dans un vieux lit miteux aux ressorts fatigués, dans sa petite chambre de bonne. Louée à 40francs le mois, cela représentait une excellente affaire avant que les coûts de la vie n’augmentent de façon affolante, rendant le paiement du loyer plus que difficile. Le mois précédent avait été plein d’événements outrageants, tel que l’interdiction d’enseignement à l’encontre des congrégations religieuses, le 5 juillet, ou encore la séparation de l’état français avec le Vatican, à la fin du mois. Cet été 1904 était bien troublé.

Madeleine se leva. D’un pas titubant, encore troublé par le sommeil, elle alla à sa table de chevet, pour sa toilette. La cuvette et le pot d’eau avaient été posés la veille au soir, juste avant le coucher, afin de ne pas déranger la famille bourgeoise installée au dessous, qui lui avait gracieusement loué l’appartement en échange de quelques menus services. Après s’être convenablement nettoyée, elle enfila son corset et ses nombreux jupons, puis passa sa robe d’un rose pâle délavé, prenant bien soin de laisser sa croix, seule relique de son enfance, pendre à son cou. Etant orpheline depuis deux longues années, sans dot et sans époux, Madeleine avait la plus grande peine du monde à économiser quelques sous, afin de pouvoir se racheter une nouvelle robe digne de ce nom, de préférence couleur muguet qui sied au bleu de ses yeux, puisque ces dernières années, elle n’avait connu que cette habit, la robe de deuil ainsi que son uniforme blanc que lui imposait son travail, bien que son travail en tant que nurse à l’hôpital Trousseau, hospice pour des jeunes malades de deux à quinze ans, lui permettait de vivre encore convenablement.

Une brume glacée avait recouvert les rues de la ville lorsque Madeleine sorti, un chapeau en feutre sous le bras, pour aller déjeuner. Bien que le soleil ne s’était levé que depuis une trentaine de minutes, on pouvait déjà apercevoir de belles dames, richement parées, au bras d’un homme, bavardant gaiement de sujets quelconques dans leurs beaux fiacres, les menant sur l’avenue des Champs-Élysées. Les quelques travaux de rénovation de la route avaient permis à de nombreux ouvriers de trouver un travail temporaire le temps d’un été. Il n’était pas rare, cependant, de trouver des chômeurs sillonner la ville à la recherche d’un emploi.

« Le Petit Paris », restaurant de la rue de Boursault, était ce qui rentrait le mieux dans la qualification de café d’ouvrier, tant sa clientèle était composée d’ouvriers, et de personnes de la classe sociale dite inférieure. Situé en face du Paris bourgeois et scintillant, de l’autre côté du Boulevard des Batignolles, il s’amassait en ce lieu presque tous les travailleurs de la gare Saint-Lazare et de l’Avenue de Champs-Élysées. La nourriture était acceptable, pour un prix raisonnable et les boissons coulaient à flots. Parfois, le soir, on pouvait y croiser des buveurs et des buveuses, après leur longue journée de travail, y faire un saut avant de rentrer. Par les temps de grande chaleur, comme en ce début du mois d’août, où Paris se transformait en fournaise dès les premières heures de l’après-midi, les places libres, au frais, dans l’établissement, se faisaient très rares, compte tenu de la grande demande en boissons glacées et rafraîchissantes. Les tenanciers se trouvaient même parfois à cours d’alcool. Bien qu’ils étaient payés pour travailler toute la journée, certains ouvriers n’hésitaient pas à franchir les portes du vice pour une ou deux gorgées de liqueur.

Madeleine aimait cet endroit, tout comme elle aimait son logis, et son quartier, le quartier des Champs-Élysées, le quartier de l’opéra, les quartiers du tout Paris. La chaleur des habitants n’était pas la même, et pourtant, très semblable. Attirants et tellement repoussants, ceux-ci ne parlaient qu’à leur semblable, bavardant de sujets qu’eux seuls connaissaient, bien rangés dans leur classe sociale. Dans ces mondes si bien placés, étiquetés et bien rangés, Madeleine s’y sentait à part, comme une pièce détachée, qu’on aurait malencontreusement oublié quelque part. Bien que ce bistro ne se situait ni près de sa chambre de bonne, ni près de la Gare Saint-Lazare, il valait le détour d’une demi-douzaine de minutes pour l’aller et pour le retour, tant le café y était délicieux.

Après un petit déjeuner copieux, Madeleine marcha jusqu’à la Gare Saint-Lazare, afin d’y prendre un train, un petit, pour l’y mener à la gare de Lyon, à l’autre bout de la capitale. Edifiée cinq ans plus tôt par monsieur Toudoire, elle se dressait fièrement devant les embarcadères, près des gares d’Austerlitz et de Vincennes. Arrivée là, la route menant à l’hospice Trousseau était encore difficile. L’hôpital se trouvant aux abords des portes de la ville, près du parc de Vincennes, il fallait suivre un trajet d’une vingtaine de minutes, traverser de nombreuses ruelles et enfin, réussir à trouver le Faubourg Saint-Antoine. L’endroit était plus qu’historique. Construit aux alentours de 1670, sur le modèle pavillonnaire, il connu différents noms, sous différents régimes, devenant l’hospice de Sainte Marguerite, sous Napoléon III, puis de Sainte Eugénie. Il pouvait contenir plus de 500 personnes. Les jeunes patients, des deux sexes, étaient répartis dans toutes les ailes du bâtiment, selon leur cas médical, dans de grandes chambres avec plus ou moins de places, selon leur rang social. Madeleine avait à sa charge une douzaine de fillettes, toutes souffrantes d’un mal demandant une chirurgie aseptique.

Une fois changée dans sa tenue d’infirmière, Madeleine alla inspecter les chambres, comme à son habitude. Saluer ces demoiselles le matin était une tâche monotone pour les employées, que les patientes avaient surnommée « la rentrée des amoureuses », ces amoureuses de la vie qui amenaient un peu de lumière et de joie, tous les lundis. Pourtant, cette fois ci, ses yeux se figèrent sur la plus belle des créatures. Qu’elle était resplendissante, du haut de ses quinze ans, avec sa chevelure dorée, miroitant dans le raie de lumière qui traversait la vieille fenêtre. De sa peau laiteuse à son visage angélique, tout en elle évoquait le divin. Baignant toute entière dans une essence de rose et de lilas, choisie pour leur plus exquises senteurs, qu’elle avait l’air séduisante, telle une poupée que l’on convoite et qui est pour autant intouchable ou mieux, un ange. De sa fine silhouette en S si bien façonné par la guêpière jusqu’à sa peau délicate, tellement habituée aux robes à tournure aux couleurs vives, certainement achetée dans une de ces luxueuses vitrines du huitième arrondissement de la ville, ou peut-être même à l’étranger, tout en elle sentait la jeune demoiselle bourgeoise, à la féminité à peine éclose, qui découvrait pour la première fois un monde étrange, totalement à l’opposé du sien. Elle, elle était destinée à être une dame. Et pourtant... Allongée dans ce sombre lit à méditer sur son mal, elle finira, comme toutes les autres, par perdre toute cette fraîcheur que la jeunesse lui avait octroyée.

Troublée par ces sentiments incohérents, immoraux, inconnus, à la fin de la journée, une remise en question s’imposait à elle, elle qui avait toujours été une fervente croyante. Jamais l’idée qu’une femme, une de ses jeunes patientes pouvait susciter en elle de tels sentiments. Par habitude, ses pas la conduisirent à la rue Boursault. Pendant presque tous les jours ouvrables de l’année, Madeleine venait elle aussi se reposer devant une délectable absinthe, avec des camarades d’infortune, les écoutant pester sur leurs misères. Par sa chance d’habiter dans un confortable hôtel situé dans la rue du Faubourg Saint-Honoré, elle n’avait jamais réellement connu la misère, la tristesse, la solitude. Devant le fait accompli de la journée, la seule chose qui lui restait était de penser.

Sortie du café, entièrement sereine, Madeleine renoua son châle. Sa plus grande peur avait toujours été de ne plus pouvoir s’alimenter, car manger pour elle, était vivre. Et si elle pouvait éviter de tomber malade, de ne plus pouvoir gagner quelques francs, à cause d’un refroidissement, elle était prête à tout. La santé, bien que ce n’était pas un de ses sujet de prédilection dans les discussions, et même dans les pensées, hantait ses moindres faits et gestes, la privant de toute la liberté restreinte qui lui était accordée. Pourtant, bien que ses économies ne le lui permettait pas, à moins de se restreindre au pain et à l’eau pendant tout un mois, une irrésistible envie lui tenaillait l’estomac d’aller acheter une robe, une belle, avec une tournure et une guêpière, comme celle que l’on trouve dans la boutique de monsieur Worth. N’ayant jamais fait de telles folies, Madeleine se l’accorda, pour une fois.

Sa robe à traîne soigneusement pliée dans un sac, n’attendait que d’être portée, d’embellir la jeune femme. Avant de retourner chez elle, elle s’arrêta à la mercerie. Dans les étalages se dressaient fièrement des centaines de cordes, finement tressées, n’attendant que des objets à hisser, qu’un animal à dresser, ou même des meubles, à attacher, à serrer dans leurs fibres meurtrières. L’achat impulsif d’objets n’était pas vraiment dans la nature de Madeleine. Pourtant, elle en aurait besoin, très certainement, demain ou un autre jour, et elle n’aurait pas à en acheter alors... Oui, des ficelles, plus ou moins grosse, on en avait toujours besoin, à un moment ou à un autre,...

L’envie de sortir, de tout quitter l’instant d’une nuit, lui vint, comme une inspiration. Elle se ferait belle ce soir. Rayonnante, elle seule devrait exister. Sur son corps propre, exfolié, le tissu de la robe tombait comme de la soie, mouvante, presque vivante, allant là il lui semblait bon d’aller. Enfin prête, et afin de ne pas perdre son long rouleau de corde, elle y fit un nœud et le lança sur une poutre du plafond. Lorsque le reste de la corde déroulée atteignit le sol crasseux de la chambrette, seule la sérénité régnait en maître en ce lieu.

Madeleine huma l’air, comme pour la première fois, sentait les subtiles brides des odeurs familières de la maison. Jamais ces effluves ne lui avaient semblés si attirants, si délicieux. Le parfum de Madame, le ragoût de la cuisinière, l’odeur de la vieille pipe de Monsieur. Dans sa robe neuve, elle se sentait reine, légère comme l’air.

Au bout de quelques jours, une étrange odeur s’éleva du grenier. La disparition de Madeleine avait déjà provoqué quelques émois dans la famille, puisque le ménage dont elle devait se charger n’était pas accompli. Au final, l’odeur devenant insupportable, presque épouvantable, à quiconque traversait le dernier étage, menant à la chambre de bonne, on fit appeler les policiers. Ceux-ci firent sauter le verrou.
La porte s’ouvrit alors sur le plus beau de tous les spectacles. Un ange flottait dans le vide, le visage paisible, endormi, veillant sur la pièce, dans sa robe muguet, dans un silence absolu. Les cheveux dorés, totalement défais, encadraient la peau diaphane de l’ovale de sa tête, comme une auréole, telle une poupée de porcelaine. Sur la table de chevet, la bible tombée sur sa couverture retenait une lettre, une brève lettre, où étaient inscrit quelques mots, un testament.


Oh mon Dieu, pardonnez moi...Comme j’aurais aimé revivre cette journée, cette rentrée des amoureuses...

Comme j’aurai voulu être plus forte...
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[Ecrit] La rentrée des amoureuses - Fiona
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